La meilleure place dans la fratrie : aîné, puîné, cadet ?
"L'aîné est souvent un défenseur de l'ordre établi, un ennemi acharné du changement. Il a davantage le sens des responsabilités. Le cadet qui a dû lutter pour conquérir sa place a naturellement l'esprit ouvert et adhère avec enthousiasme aux idées nouvelles, il est souvent un rebelle né", tels sont les hypothèses des sociobiologistes américains.
Doit-on conclure que la place d'aîné serait plus difficile à tenir ? Que le rang de naissance marquerait les enfants ? Que les rôles sont prédestinés ?
Attention à ne pas tomber dans un systématisme simpliste qui voudrait que le rang occupé dans la fratrie conditionne la personnalité et la destinée de l'enfant.
Les constats
Ce qui est sûr c'est que l'aîné sert de pôle d'identification pour les suivants, il trace la route. Selon Marcel RUFO, le grand frère ou la grande sœur est souvent un initiateur voire un confident. Encore faut-il que cet aîné se sente à l'aise et reconnu dans son rôle.
Pour Régine SCELLES, psychologue clinicienne, "Quand il naît, il transforme ses parents, devient le centre de la terre, puis il doit faire un place à un autre."
Cela n'exclut pas la rivalité entre les enfants. La rivalité peut être aussi forte que la complicité, les deux sentiments coexistent d'ailleurs intimement. On peut expliquer ainsi qu'un aîné un instant après avoir frappé son cadet, joue avec lui le plus tendrement du monde.
N'en reste pas moins, semble-t-il que si l'on ne parle plus de hiérarchie entre frères et sœurs, et autre droit d'aînesse, on observe pourtant toujours que les aînés restent avantagés notamment sur le plan scolaire. Des sociologues l'ont montré l'aîné poursuit ses études plus longtemps que les autres et obtient en moyenne plus de diplômes.
Les aider à s'épanouir à "l'avant, au centre, à l'arrière"
Les cadets vont penser que leur(s) aînés ont beaucoup de chance, ils jouissent de privilèges particuliers comme se coucher plus tard ou sortir seul. L'aîné lui va plutôt penser qu'être l'aîné à bien des inconvénients et notamment celui d'avoir à supporter son ou ses cadets. En fait, cela tend à prouver que chaque situation, chaque rang dans la fratrie oblige à faire face à des difficultés spécifiques.
Comment valoriser chaque enfant à sa place dans la fratrie ? Pas toujours facile. Il est d'abord illusoire de penser que les parents élèvent les enfants sans tenir compte (même si c'est inconscient) de leur position dans la fratrie.
L'aîné se retrouve dans la situation paradoxale où pour un temps enfant unique, il doit un jour partager l'amour de ses parents avec un autre. Le mieux est sans doute de le valoriser au maximum dans son rôle d'aîné, mais sans lui faire jouer le rôle de parent de substitution.
Le Puîné (ou enfant du milieu) est aussi en position délicate puisqu'il apparaît dans certaines études qu'il est peut-être celui à qui l'on accorde le moins de temps et d'attention. Il ne bénéficie ni du prestige de l'aîné ni des privilèges du cadet. Il faut donc avant tout lui reconnaître explicitement des qualités propres, les valoriser, lui donner le sentiment qu'il existe en tant qu'UN à part entière.
Le cadet enfin est souvent surprotégé - la mère notamment reporte souvent sur son dernier enfant un désir infini de maternité - et de fait, il devient le bouc émissaire des aînés qui n'admettent pas les privilèges qui lui sont accordés. Il a donc besoin qu'on l'aide à grandir et à trouver son autonomie.
Plus que la bonne ou la mauvaise place dans la fratrie, c'est bien la manière de réagir des parents qui est déterminante. Aux parents de ne pas figer un enfant dans une place déterminée pour que les enfants puissent faire jouer le lien fraternel de façon souple.
Pour en savoir plus :
Pour les enfants :
- "Avec mon petit frère que j'aime" de Laurence L. AFANO - Ed. Le Rocher Jeunesse, 2005
Pour les adultes :
- "Frères et sœurs, une maladie d'amour" de Marcel RUFO - Le livre de poche 2002
- "Frères et sœurs, complices et rivaux" de Régine SCELLES - Collection Métier de parents, Fleurus 2003.
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