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Interview de Béatrice Copper-Royer, auteur de "Le jour où les enfants s'en vont"

Béatrice COPPER-ROYERParent-Solo : Vous êtes psychologue clinicienne à Paris, auteur de différents livres dont le dernier est consacré au départ des enfants, "Le jour où les enfants s'en vont". Pour les parents solos, jusqu'où la "dimension sacrificielle de l'investissement affectif" peut-elle aller?

Le parent qui a élevé seul un enfant y a inévitablement passé beaucoup de temps. Le poids de la responsabilité, non partagée, a pesé sur ses épaules, il a donc pu avoir le sentiment de sacrifier ses propres besoins, ses propres désirs, pour répondre à celui des enfants.

P.S. : Côté jeunes adultes, le moment du départ de la maison familiale "peut donner lieu à un rebond de tendresse" dû à "l'idée de la vieillesse des parents, de leur mortalité" : n'est-ce pas paradoxal ?

Il y a toujours de l’ambivalence dans ces moments là. Et puis l’idée que le départ est à portée de mains soulage l’angoisse de ne pas pouvoir « défusionner ». Donc il y a moins de risques à exprimer sa tendresse.

P.S. : Les mères restent souvent trop présentes après le départ des enfants au risque de se faire durement rembarrer : comme le dit Freud, faut-il "en tant que femme (mère) être prête à tous les sacrifices, récompensés par l'ingratitude" ? Et peut-on y être préparée ?

Je crois que plus on s’y prépare tôt, plus on a conscience que l’on ne sera jamais vraiment dans une logique du donnant/donnant, mieux on se portera !

P.S. : Finalement, il est souvent constaté que lorsque les enfants reviennent vivre chez leurs parents - souvent pour des raisons économiques - les parents peuvent le vivre comme une contrainte : "le temps de l'enfance était bel et bien terminé" ?

Ce n’est pas étonnant. Les parents se faont alors du souci pour leurs enfants qui eux-mêmes ne vivent pas très bien ce retour en famille. Tout le monde sent que ce n’est plus le moment. On est dans une cohabitation « obligée » qui n’est pas confortable.

P.S. : Accepter que se tourne la page de l'enfance, pour un parent, peut l'amener à vivre un passage dépressif : quels sont les signes avant-coureurs ?

Le départ des enfants peut en effet parfois donner lieu à une vraie réaction dépressive. Il ne s’agit plus d’un coup de blues passager, mais d’un état de tristesse qui s’installe dans la durée, avec les troubles associés : troubles du sommeil, grande fatigue, difficulté à se projeter dans l’avenir, sentiment d’inutilité…il faut alors consulter.

P.S. : Pour les enfants de parents séparés habitués aux "allers-retours", ils peuvent quitter leur mère pour vivre chez leur père, au moment d'aller faire des études par exemple : finalement, le départ n'est-il pas plus facile dans ces cas là ?

En réalité il s’agit de faux départ pour le jeune, qui change de maison et de mode de vie, mais reste dans un milieu familial sans prendre son envol. Je ne suis pas sûr que cela le prépare au vrai départ.

P.S. : Peut-on trouver le bon équilibre "savoir être à la fois proche mais pas trop, présent mais pas étouffant" ? Vous attirez l'attention sur les risques que fait courir une mère dépressive face au départ de son enfant ; ce dernier développant alors une "culpabilité mortifère". C'est très fort ?

Heureusement la plupart du temps on trouve une nouvelle distance et chacun y trouve son compte. C’est très agréable pour les parents d’avoir des liens avec de jeunes adultes. Ils enrichissent leur vie de leurs propres expériences. C’est un vrai cadeau !

P.S. : Comment expliquez-vous que le départ des enfants fasse réapparaitre d'anciennes blessures que l'on croyait cicatrisées liées au divorce ?

Le départ des enfants est une épreuve de séparation, tout à fait normale et prévisible, mais comme toute épreuve de séparation elle va réactiver avec plus ou moins de force, d’anciennes blessures liées à des ruptures, Divorce, deuil, sont des épreuves de séparation, plus ou moins bien surmontées. Moins elles le seront, plus elles risquent d’être réactivées.

P.S. : Sur notre site, www.parent-solo.fr, les mamans et les papas seuls sont souvent très accaparés par leurs enfants ; pour positiver, le - difficile - départ des enfants peut aussi leur ouvrir "une fenêtre sur le monde" et un épanouissement personnel souvent occulté ?

Il faut bien sûr se réjouir, et beaucoup de parents s’en réjouissent d’ailleurs, du temps libéré par le départ des enfants. Ce temps peut être utilisé pour soi. C’est le moment de réfléchir à « qu’est ce qui nous ferait du bien » !

Découvrir "Le jour où les enfants s'en vont" de Béatrice COPPER-ROYER.

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