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Interview de Marie-Luce Iovane-Chesneau, fondatrice du Club des Marâtres

Vous avez créé le Club des Marâtres, en 2004, et vous en êtes la Présidente actuelle. Quelle est l'origine de ce club et d'où vient ce nom un peu rugueux de « marâtre » ?

ML.IC - Marâtre de deux enfants issus de la première union de mon mari et maman des deux enfants que j’ai eu avec lui, j’ai réuni quelques amies qui partageaient les mêmes difficultés que moi pour en parler. Très vite, le Club des marâtres se met en place. Le premier média qui en a parlé, ce fut le magazine Triba sur le thème des familles recomposées. Il n'a vécu que trois numéros mais a néanmoins joué un rôle à l'origine du Club.

Marâtre, c'est le seul mot de la langue française dont on dispose pour parler des femmes qui élèvent les enfants de leur conjoint : belle-mère ayant deux significations, le seul terme univoque, c'est marâtre... Un peu rugueux, en effet... Mais avons-nous le choix ? C'est le seul dont nous disposons ! Hasard ou coïncidence ? Vous voyez, à partir de ce mot, déjà toute une réflexion qui pointe... Finalement "marâtre" est le terme adéquat, puisqu'il désigne ces femmes qui véhiculent sans le vouloir :

  • le poids de la tradition (cf. les contes de fée où la belle-mère n'est autre qu'une vilaine sorcière... Blanche-Neige, Cendrillon font partie de toutes les bibliothèques enfantines...)
  • les a priori que continue de véhiculer notre époque : une belle-mère ne peut pas aimer ses beaux-enfants comme ses enfants, elle a forcément un mauvais rôle dans la famille recomposée puisqu'on lui demande d'élever ses beaux-enfants comme les siens lorsqu'elle en a : mais attention, sans punir ni élever la voix ni intervenir, car elle n'est pas légitimée à sanctionner, elle doit donner de l'amour c'est tout... Que lui reste-t-il ? La cuisine, le ménage et la lessive (finalement, c'est comme si l'horrible belle-mère de Cendrillon devenait Cendrillon elle-même...). Ce résumé un peu caricatural permet d'entrer dans le vif du sujet, pourquoi un club des marâtres ?

Quel en est le but ?

ML.IC - Le club est à la fois un lieu d'écoute et un lieu d'échanges. Comment supporter son statut (on l'a vu, très flou) de marâtre, tandis que la société ne vous reconnaît pas en tant que telle. Famille, belle-famille, amis, conjoint et ex du conjoint, vous surveillent : comment s'y prend-elle avec ses beaux-enfants ? Est-elle juste, etc. Qui d'autre qu'une marâtre sait les concessions innombrables de la marâtre pour réussir à prendre sa place de deuxième épouse, et de nouvelle maman lorsque des enfants naissent dans la famille recomposée ? Rien de plus faux que la toute-puissance malsaine qui est attribuée aux marâtres des contes de fée : il faut savoir composer avec tout le monde (l'ex, le conjoint, les beaux-enfants, les belles-familles, les amis lorsqu'ils ont connu la précédente famille, etc.) sous peine de ne jamais recomposer quoi que ce soit. Tout cela est souvent lourd à porter. Et la solitude de la marâtre face à tous ces défis est souvent évoquée lors des réunions du club. Se retrouver à plusieurs, essayer de formaliser, de comprendre, de dédramatiser, de prendre du recul, de retrouver confiance en soi, de s'accepter en tant que marâtre, de trouver des solutions ensemble, d'échanger points de vue et expériences... Le club, c'est tout cela à la fois.

Il y aussi un deuxième axe : exister vis-à-vis des pouvoir publics, de la société, des médias, des politiques, qui ignorent la situation du beau-parent. Le club traite régulièrement des questions juridiques non réglées pour les beaux-parents qui se retrouvent dans des situations parfois rocambolesques, en tant qu"accompagnants" d'un enfant qu'ils élèvent, parfois à temps plein, et considérés avec guère plus de condescendance qu'une baby-sitter...

Combien de membres comptez-vous ? Quel est le « profil » de vos membres (âge, sexe, localisation, etc) ?

ML.IC - Le club compte une cinquantaine d'adhérentes, mais touche en France quelque 300 femmes.

Y a-t-il des pères ?

ML.IC - On voit des "parâtres" (tiens ce mot n'existe pas dans le dictionnaire !). Leur témoignage est souvent identique à celui des marâtres... Ils sont toujours les bienvenus. Tout comme les conjoints des marâtres.

Comment fonctionnez-vous et où peut-on vous trouver ?

ML.IC - Le club organise un groupe de parole mensuel dans les locaux du café de l'Ecole des parents à Paris 11è. Le samedi matin, pendant environ deux heures, les marâtres peuvent ainsi venir trouver une écoute et des conseils. Les groupes sont aidés par Nathalie Isoré, psychologue.

Avez-vous des professionnels partenaires ou qui vous accompagnent (psys,

juristes...) ?

ML.IC - Oui, psychologues et juristes participent volontiers à notre réflexion.

Quels sont vos projets à court ou plus long terme ?

ML.IC - Le lancement d'un site web et la création de groupes de parole en province où la demande est forte.

En savoir plus : Le site du Club des Marâtres

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